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Wednesday, 30 July 2014
La littérature migrante
La littérature migrante ou « l’écriture » migrante comme plusieurs l’appellent est un phénomène littéraire apparut dans les années 1960 au Québec. Selon l’auteur de l’article « Les lieux de l’écriture migrante : territoire, mémoire et langue dans Les lettres chinoises de Ying Chen », Maude Labelle, elle nous parle de l’écriture migrante. Voici ce qu’elle dit : « Une définition opératoire prendrait forme dans une troisième voie. Nous pensons que le texte migrant, par son fonctionnement discursif, rend compte du déplacement et de la différence, et qu'il insiste sur le jeu entre étrangeté et familiarité plutôt que sur l'un ou l'autre. En plus de la coprésence des discours (propre à d'autres phénomènes textuels, comme l'intertextualité), une tentative serait à l'œuvre, à même l'écriture, de fixer le jeu. » Nous pouvons voir les caractéristiques que décrit l’auteur dans un recueil de nouvelles qui s’intitule « Contes butô ». De plus, dans le même texte, l’auteur Maude Labelle parle qu’on peut retrouver dans ces genres littéraires de l’hybridité : « Comme son nom l'indique, cette catégorie problématise le déplacement — physique, mais surtout psychique et identitaire — du migrant à même l'écriture. » Alors, en se référant aux Contes butô peut-on dire que ce recueil de nouvelles a des propriétés d'hybridité? Dans ce recueil de nouvelles, on peut y voir plusieurs formes d’hybridité. Premièrement sous la forme de l’appartenance générique, deuxièmement dans la construction des personnages et troisièmement dans la construction des lieux.
Premièrement, les différentes appartenances génériques font que les Contes butô s’inscrivent dans une hybridité générique. Dans le recueil on peut y trouver une nouvelle littéraire. La nouvelle intitulée Tourette est une nouvelle parce que l’histoire est vraisemblable et courte. En effet, l’histoire est vraisemblable parce que la maladie de la Tourette existe réellement et ce qu’elle raconte peut réellement arriver. La nouvelle de Tourette est courte ce qui est une caractéristique de la nouvelle littéraire, la nouvelle compte que quinze pages. On peut y voir aussi d’autres caractéristiques comme l’enchâssement qui est une insertion d’une deuxième intrigue dans la première intrigue. Ici, il y a l’histoire d’Amy Faber qui se trouve dans l’autobus « un vieux pépère, qui me bouscule au moment où j’hésite à monter sur le marchepied de l’autobus. Il me pousse, c’est trop tard, je suis dans le ventre du 55 » et l’histoire qu’elle raconte à propos du temps qu’elle était normale et que sa maladie commençait « c’est à partir de ce jour-là que les neurones de la torture, comme je les appelle, se sont mis à travailler dans mon cerveau. »(MB, p.49) La narration dans cette nouvelle est à la première personne alors on a affaire à un narrateur autodiégétique qui est ici essentiel à la construction de la nouvelle. En ayant une telle narration, donne l’impression de la subjectivité. Ce fait est une caractéristique de la nouvelle littéraire. Ce qui est intéressant dans la narration c’est que c’est un monologue « Et pourquoi on a inventé a inventé les mots? Moi je hais les mots. « Ah bon, dit le jeune homme, dans ce cas, fermez-la. Vous dérangez tout l’autobus avec votre monologue de folle! »(MB, P.46) Ce qui donne un effet de spontanéité qui contribue à l’illusion réaliste. Quant à la thématique, on a affaire à une orientation vers le héros. Ce fait nous donne une focalisation interne et la perspective du personnage est maintenue durant tout le récit. Avec toutes les propriétés réalistes, on peut venir à la conclusion que cette nouvelle est une nouvelle réaliste. Le fait qu’elle est réaliste montre au lecteur les stéréotypes et les jugements de valeur que le lecteur peut avoir. L'enchâssement contribue à montrer au lecteur que même lui il a des stéréotypes.
Dans le recueil on peut y trouver également un conte. Le récit de « L’enfantement » est un conte parce que le récit est associé aux merveilleux et au fantastique. Le fait que l’enfant soit albinos et que les gens du village s’en méfient cela, a priori, nous semblerais associé à la forme de la nouvelle littéraire. Par contre, l’évocation d'une chamane, d’une forêt magique, d’un enfant de glace et de sort conjuré nous indique le merveilleux et le fantastique dans le récit. De plus, la narration nous aide à démontrer que ce récit est un conte. En effet, l’une des caractéristiques des contes est que la narration est à la troisième personne. On retrouve, en effet, un narrateur hétérodiégétique dans L’enfantement. Cette caractéristique sert de voix au conteur qu’on trouvait autrefois. Souvenons-nous que le conte est à l’origine oral, alors il doit y avoir un conteur. Alors, en ayant une telle narration nous pouvons dire que la focalisation est en général externe. De plus dans l’incipit on retrouve la formule « Il était une fois », une des caractéristiques du conte. Il y a également la thématique, comme dans la majorité des contes, du bien et du mal. On peut voir cette thématique par le personnage de l’homme qui peut représenter le mal à cause de sa moralité. Le champ lexical qui entoure ce personnage peut nous aider à voir cette thématique : « forte carrure, yeux de braise, de loup, meurtrière, froid, bousculant, dévorer, barbare » . De plus, le trait physique de l’homme avec ses « yeux de braise » peut nous aider à voir cette thématique du mal. Quant au personnage principal, elle peut représenter le bien par son trait physique soit la peau blanche et son comportement avec son enfant « cela n’empêchait pas Blanche de se comporter en tous points comme une mère, et même comme la meilleure des mères ». De plus, on voit à la fin du conte qu’il y a une morale à la fin soit de ne pas juger les autres et accepter les différences des autres. Puis l’un des procédés d’écriture du conte est d’utiliser des mots archaïques pour garder les traces d’oralité. On peut en noter quelques un dans le texte de l’enfantement par exemple les mots « burnous », « éructation » et « fétu » (MB, p,146-147). C’est le seul conte qui se retrouve dans les contes butô.
Dans certains textes, il y a de l’hybridité générique. Le récit de L’amant des ombres et de Le baiser de minuit sont tous deux considérés comme hybride. L’amant des ombres combine la nouvelle littéraire et le roman. En effet, ce récit comporte toutes les caractéristiques d’une nouvelle, mais le récit est séparé en chapitre, l’une des caractéristiques du roman. Le récit quant à lui a les mêmes caractéristiques qu’une nouvelle outre sa longueur et ses chapitres. Les actions sont disposées par enchaînement, elles sont logiques et disposées de façon chronologique, c’est l’une des caractéristiques d’une nouvelle. De plus, on note que le narrateur est hétérodiégétique et qu’il y a une focalisation interne sur le personnage principal. En ayant une narration de ce genre, cela augmente l’impression de la vraisemblance. Quant au récit du Baiser de minuit, c’est une nouvelle qui se présente sous la forme d’un journal intime. Ce qui augmente l’effet de vraisemblance. Le texte a les caractéristiques d’une nouvelle, outre le fait que le texte est daté de « Janvier 1990 » . La narration à la première personne appuie le fait que c’est un journal intime (narration autodiégétique). Alors on a une focalisation interne pour ce récit. La thématique est orientée vers le héros qui donne encore plus de crédibilité envers le journal intime. Le niveau de la langue pourrait nous laisser perplexes à la véracité du journal intime, car ce journal est un journal d’un enfant, mais le fait que l’enfant soit malade de Progeria et qu’il agit et pense comme un adulte cela valide la véracité du récit au lieu de l’invalider. On a aussi le récit de La femme du lutteur sumo qui est un conte et une nouvelle à la fois. On voit dans cette nouvelle les caractéristiques du conte tel que le thème du fantastique qui est abordé par le fait qu’elle aille des fœtus qui prennent sa défense et la narration est à la troisième personne comme dans les contes. Mais l’action, outre les fœtus à la défense de leur mère, semble vraisemblable. Puis l’action s’enchaîne de façon chronologique et logique. On peut venir à la conclusion que ces nouvelles ce sont des nouvelles réalistes hybrides.
En ayant un recueil qui a plusieurs styles d’écriture : la nouvelle, le conte, la nouvelle-journal intime, la nouvelle-roman et la nouvelle-conte font que le livre Conte butô appartient à l’hybridité générique. De plus, le péritexte nous montre déjà l’hybridité en ayant en couverture les deux termes : Contes et Nouvelles.
Deuxièmement, la construction des personnages fait que les contes butô s’inscrivent dans une hybridité. Dans le recueil, on peut y trouver des personnages qui sont construits de façon réaliste. Dans le récit de Tourette, on a un personnage construit de façon réaliste. Le personnage principal à un nom « Amy Faber », un travail « j’ai même un travail, pour lequel je me réveille à tous les matins à six heures. Je fabrique des vêtements à la machine à coudre » , une routine « dieu sait depuis combien d’années j’attends tous les matins, à sept heures et demie, par beau temps mauvais temps, en hivers comme en été le 55» (MB, p.44) et une maladie « Des radiographies furent prises, et quelques jours plus tard le diagnostic tomba : TOURETTE » (MB, p.54). En ayant une construction du personnage réaliste, il est plus facile de contribuer à l’illusion réaliste. De plus en ayant construit le personnage ainsi on découvre le personnage principal de la même façon que les personnages de l’autobus la découvrent. Cela reproduit le jugement de valeur, le stéréotype (le lecteur peut penser qu’elle est folle au début du récit) ains le lecteur prend conscience du jugement de valeur. Dans le récit de L’amant des ombres, on note également des personnages de nature réaliste. Les personnages ont des noms « Tiburce », « Salomé » et « Lady Chimaera » , des travails « écrivain », « mannequin » et « chanteuse », des routines, des traits physiques « bossu », « grande » et « laide » et des anomalies « persivitées sur les ombres », « nécrophiles » ne sont que certains exemples pour démontré leurs caractéristiques réalistes. Construire des personnages qui sont réaliste et malade nous renvoie à l’idée du butô où le monstrueux est valorisé comme expression d’art. En ayant construit, des personnages dits monstrueux en y mettant l’emphase et en leur permettant d’être des personnages principaux nous renvoient à cette esthétique littéraire qu'est le butô.
Dans le recueil on peut y trouver des personnages de construction invraisemblables. Certains personnages ont des constructions invraisemblables. On peut noter dans le récit Leçon d’orientation le personnage grabataire qui n’a ni nom, ni profession, on le décrit très peu, on sait que c’est un homme, mais sans plus. On connait son trouble d’être incapable d’être au sens vertical. On met en évidence le trouble, mais pas la personne. Cela créer une zone d’ombre sur le personnage parce que c’est le trouble qui prend toute la place dans le récit. Dans le récit Le baiser de minuit c’est la même histoire au niveau du personnage. Il n’a pas de nom « mon nom n’a aucune importance » en plus de n’avoir pas de nom c’est l’incipit du texte, ce qui nous résume que le narrateur ne trouve pas important ce détail, pas de description de ce personnage. On sait que c’est un enfant et qu’il est atteint de Progeria « Lorsque finalement je fus déclaré atteint de cette maladie rarissime qui a pour nom “Progeria” ici, il y a une métonymie ; le handicap résume le personnage. Puis, il y a le personnage de Nuit-Blanche, on ne sait pas son véritable nom, mais on connait bien sa maladie et l’histoire de sa maladie. En construisant des personnages qui sont présentés par leur trouble ou leurs maladies. Cela démontre que le monstrueux du personnage est à l’avant. Comme la danse butô ou le monstrueux est le caractère clé de ce mouvement.
Dans le recueil on peut y trouver des personnages de construction fantastique. Dans le récit de L’enfantement nous avons des personnages qui sont construits de façon fantastique. Par exemple, l’enfant de glace dans le conte de l’enfantement. Ce type de personnage est fantastique, il est irréel et vient du monde de l’imaginaire, il est issu du monde du conte. C’est le cas également pour la chamane, l’homme de la tempête et même le personnage principal. En effet, au début nous pouvons croire que le personnage principal serait un personnage construit de façon réaliste avec une maladie qui est l’albinos, mais vers la fin du conte on voit qu’elle a changé d’apparence. Un albinos ne peut pas changer d’apparence, il reste toute sa vie albinos. Alors, on peut dire que le personnage principal est construit de façon fantastique, car c’est impossible de changer d’apparence. Même avec la construction de personnage de façon imaginaire, le monstrueux ressort toujours. Ce qui montre que l’esthétique littéraire du butô prône sur les personnages de toutes les nouvelles de ce récit.
En ayant des personnages venant d’univers différent (personnage construit de façon réaliste, personnage invraisemblable ou personnage fantastique). On peut conclure sans l’ombre d’un doute que la construction des personnages fait que les Contes butô font partie d’une certaine hybridité quant aux personnages.
Troisièmement, les constructions des lieux font que les Contes butô s’inscrivent dans une l’hybridité. On peut trouver dans le recueil des lieux réalistes. Dans le récit de Tourette, on peut comprendre que les lieux sont des lieux véritables. La narratrice du récit fait référence à des lieux comme le Boulevard Décarie à Montréal, la meilleure université en Ontario. On a également des lieux réalistes dans L’amant des ombres, on y parle d’un cartier de New York (Greenwich Village), de Vancouver et des endroits qui pourraient exister dans la réalité comme des salles de spectacle, une école de médecine, un parc, une maison, etc. En ayant des lieux réalistes, on augmente la vraisemblance des récits.
On peut trouver dans le recueil des oppositions de lieux. L’auteur Maude Labelle écrit dans son article ceci : “Une dimension essentielle du texte migrant est le rapport du personnage (souvent narrateur de sa propre histoire) au territoire, conçu ici comme un espace, construit textuellement, dans et par lequel le narrateur arrive à se définir. L'environnement matériel et culturel du personnage peut alors servir de miroir ou de repoussoir à la (re)structuration de son identité. Ainsi, le territoire décrit dans le récit n'est jamais neutre” . On peut voir ce qui est décrit dans Leçon d’orientation lorsque le grabataire décide de voyager de l’occident vers l’orient, il croit qu’il s’est enfin trouvé un endroit où il peut se définir “J’étais à l’endroit! Comme l’air était devenu léger, si léger tout à coup! Comme il serait facile à vivre, à présent!” Le narrateur oppose l’occident où il était difficile à vivre à l’orient où il est plus facile à vivre pour lui. Les lieux sont ainsi opposés dans le récit pour constituer une critique sociale envers l’inadaptation de l’étranger. En ayant une opposition de lieux, on a une métaphore de celui qui a de la difficulté à s’intégrer ou à s’adapter dans une société.
On peut trouver dans le recueil des lieux fantastiques. Dans le récit de L’enfantement, il y a des lieux fantastiques comme une forêt magique ou une chaumière au milieu de nulle part. Ces lieux maintiennent l’effet merveilleux du conte. Les lieux jouent un grand rôle dans ce récit. En effet, s’il n’y avait pas de lieu fantastique, le récit ressemblerait moins à un conte. Ces lieux introduisent de la variété du fantastique dans le recueil.
On a plusieurs types de lieu dans le recueil des Contes butô. On peut y rencontrer des lieux réalistes, des lieux qui s’opposent et des lieux fantastiques. Ce mélange de types de lieu fait que ce recueil contient une hybridité concernant les lieux où les histoires se passent. Il n’y a pas de constance dans le type de lieu que l’auteur propose au lecteur. Alors, nous pouvons dire qu’il y a hybridité dans les lieux.
On peut comprendre qu’il y a hybridité dans le recueil de nouvelles des Contes butô. En effet, on peut y voir de l’hybridité dans l’appartenance générique soit par la nouvelle, le conte et le mélange de formes de texte. Dans la construction des personnages, soit par le réalisme des personnages, l’invraisemblance des personnages et les personnages fantastiques. Dans les lieux choisis pour y faire une histoire soit par les lieux réalistes, les lieux d’opposition et les lieux fantastiques. En plus de ces trois concepts qui prouvent l’hybridité du texte, nous pouvions rajouter les thèmes qu’exploitent le butô et le recueil du texte. En effet, des thèmes comme l’exil et le sentiment de non-appartenance sont présentés dans le texte. Il n’est plus rare aujourd’hui de rencontrer dans un texte des thèmes principaux comme l’exile ou le sentiment de non-appartenance à l’heure où l’immigration bat son plein et où l’individualité prend de plus en plus de place à cause de la technologie. Alors, il faudra s’attendre à voir des auteurs écrire sur ces sujets de plus en plus.
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