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Wednesday, 30 July 2014
Trilogie Marie-Tempete, Dominique Demers
Dominique Demers est l’auteur d’un bon nombre de titres dans la littérature jeunesse. Elle a écrit, entre autres, à partir de 1992 la série Marie-Lune. La série compte 3 tomes qui ont été regroupés plus tard dans un volume ayant pour titre : Marie-Tempête. Ce volume est destiné pour un public adulte, mais les trois tomes sont destinés à un public âgé de 14 ans à 17 ans, soit un public adolescent. Les trois tomes ont été publiés par la maison d’édition Québec Amérique dans la collection Titan. Le premier tome, Un hiver de tourmente contient 135 pages, le deuxième tome, Les grands sapins ne meurent pas contient 154 pages et le troisième tome, Ils dansent dans la tempête contient 156 pages. On conclut rapidement que ces livres sont pour des lecteurs avancés. La principale raison pour que ces trois tomes se soient réunis dans un seul volume est « c’est parce que les adultes les lisaient en cachette » . Cette trilogie raconte les péripéties douloureuses d’une jeune adolescente de quinze ans, Marie-Lune. Mais comme le titre du roman pour adulte l’indique, celle-ci passera à travers une multitude de tempête : la première relation amoureuse, la mort de sa mère, la première relation sexuelle, la maternité à quinze ans, le suicide de son amoureux et la mise en adoption de son enfant. On verra Marie-Lune passer à travers son adolescence dans ces trois romans. La trilogie est racontée avec une voix au ‘je’. Ce ‘je’ est la voix de Marie-Lune; elle est la narratrice de sa propre histoire. En ayant un narrateur autodiégétique, cela peut sembler pour le lecteur que cette voix est celle aussi de l’auteure Dominique Demers. En effet, cette caractéristique caractérise bien le courant littéraire dans lequel cette trilogie se trouve soit la postmodernité. On retrouve dans ces trois romans des traces de postmodernité : le genre hybride, les thèmes tabous abordés et la présence d’intertextualité.
Le genre hybride se traduit par le fait que le premier tome de la série est plutôt une autobiographie et un récit à la fois. En effet, le personnage de Marie-Lune est l’auteure lors de son adolescence. En effet, l’écrivaine a aussi, comme Marie-Lune, perdu sa mère durant son adolescence. On peut lire dans son ouvrage Du petit poucet au dernier des raisins ceci : « Permettez-moi d’évoquer une expérience personnelle : Un hiver de tourmente, mon premier roman pour adolescent, est autobiographique. » Par contre, la trilogie n’est pas une autobiographie, car comme l'auteur a dit dans le même ouvrage « Une fois l’écriture terminée, j’ai eu envie de faire vivre de nouvelle aventure à mon héroïne, des aventures qui ne m’étaient pas arrivées. » De plus, pour le troisième tome Demers est allé passer quelque jour dans une communauté religieuse : « Dominique Demers est allée passer quatre jours chez les Moniales, dans l'État de New York. Cela finirait-il par un reportage ou par un roman » On peut remarquer dans Ils dansent dans la tempête que Marie-Lune est en effet dans une communauté religieuse pour se retrouvé. Ce roman est alors le récit de Marie-Lune entrecoupé par les informations que Demers a recueillies lors de sondit reportage lors de son passage chez les Moniales. On ne peut pas alors donner un genre à la trilogie Marie-Lune, car les livres s’entrecoupent entre l’autobiographie, le récit et le reportage.
Le personnage de Marie-Lune est caractérisé par un corps romanesque. « Le corps romanesque ne renvoie pas seulement à la description physique du personnage […] c’est aussi le regard, l’attitude, les vêtements, les accessoires. » Dans le premier roman, on peut comprendre que Marie-Lune est dans un changement d’attitude à cause de l’adolescence. Ce changement se fait par l’affirmation de ce qu’elle veut ou ne veux pas : « Moi, je rêve d’une mèche bleu électrique. » Donc, en étant dans l’adolescence on peut comprendre qu’elle est en transition d’un monde enfantin où l’autorité parentale est présente habituellement à un monde adulte où toutes les décisions sont prises par l’individu. Il est normal de voir un personnage où elle essaie de s’affirmer et de faire des choix. De plus, on peut avoir des informations sur le personnage dans ses paroles : « Dans Un hiver de tourmente, l’héroïne nous livre une foule d’information sur elle-même en parlant »
La trilogie contient plusieurs thèmes tabous : la sexualité, la mort et la spiritualité. La sexualité est abordée d’une façon naturelle. En effet, durant l’adolescence les premières découvertes de la sexualité se font, au Québec, à cet âge. Alors, il est normal de parler d’un tel sujet. De plus, le fait d’aborder ce thème amène le lecteur sans qu'il s'en aperçoive à un but éducationnel. Dans Les grands sapins ne meurent pas on ne parle pas de prévention, mais bien des conséquences d’une vie sexuelle active sans prendre les précautions : « Tu ne peux pas tomber enceinte : tu es déjà enceinte » . La citation précédente illustre très bien les conséquences d’une vie sexuelle active sans prendre les précautions. Alors, en ayant un lecteur adolescent il va de soi qu’il apprend de cette expérience et il prend conscience qu’il peut y avoir des conséquences. Le deuxième thème qui est abordé est celui de la mort. La mort en soi n’est pas tabou, mais la façon de réagir à la mort ou d’être en deuil laisse perplexe, car on ne sait pas comment y faire face. Ce thème est abordé principalement dans le premier et troisième tome de la trilogie avec la mort de Fernande et le suicide d’Antoine. Puis, le sujet de la spiritualité est abordé au troisième tome. En étant dans un contexte québécois, le sujet de la spiritualité devient plus tabou, car les gens se sont détournés de la religion catholique au Québec sans la remplacer par une autre. Donc, le fait d’inclure ce sujet dans l’un des tomes est délicat.
L’intertextualité prend deux formes dans la trilogie : intertextualité d’ordre cognitif et d’ordre esthétique. « L’intertexte sert principalement, pensons-nous, à rendre compte du trajet identitaire de la jeune fille qui lit et qui écrit en intégrant inéluctablement à son propos des éléments de connaissance » . En effet, la parabole du pélican d’Alfred Musset qu’on retrouve dès le premier tome nous indique le trajet de l’enfance de Marie-Lune à ce qui a trait à la littérature : « Quand j’étais petite, ma mère me lisait des poèmes dans ce livre-là » . Nous retrouvons également des intertextualités d’ordre esthétique. Dans les trois livres nous retrouvons des références aux sapins où Marie-Lune a grandi ou des métaphores s’y rapportant « Les grands sapins ne tombent pas […] ils restent droits » , « C’est beau les grands sapins. Ça ne flanche jamais. Les grands sapins ne meurent pas » et « si seulement tu avais pu t’entendre décrire ces sapins qui poussent vers le ciel. » En ayant de telles références d’un livre à l’autre, cela aide au lecteur de faire la transition d’un livre à l’autre.
En ayant de telles caractéristiques dans la trilogie, on peut sans aucun doute conclure que le courant littéraire est bien le postmodernisme. Il est logique que cette trilogie qui est incluse dans la littérature jeunesse soit dans ce courant littéraire. Pour finir, cette trilogie a été si populaire qu’elle a reçu plusieurs prix et distinctions tels que l’inscription du deuxième tome sur la célèbre liste d’honneur IBBY des meilleurs livres jeunesse au monde.
Bibliographie
Demers, Dominique, « Biographie », www.dominiquedemers.ca, retiré le vendredi 26 octobre 2012.
Demers, Dominique, « Du petit poucet au dernier des raisins », coll. « exploration », Boucherville, éd Québec Amérique Jeunesse, 1994, 253p.
Demers, Dominique, « Les grands sapins ne meurent pas », coll. « Titan », Montréal, éd Québec Amérique Jeunesse, 1993, 154p.
Demers, Dominique, « Ils dansent dans la tempête », coll. « Titan », Montréal, éd Québec Amérique Jeunesse, 1998, 156p.
Demers, Dominique, « Un hiver de tourmente », coll. « Titan », Montréal, éd Québec Amérique Jeunesse, 1998, 135p.
Fradette, Marie, « La sexualité dans la production littéraire destinée à la jeunesse », http://id.erudit.org/iderudit/1778ac , retiré le vendredi 26 octobre 2012
Guillemette, Lucile, « Romans pour l'adolescence et intertextualité : les figures de l'écrit comme procédé de représentation du sujet féminin », http://id.erudit.org/iderudit/009618ar , retiré le vendredi 26 octobre 2012.
Noel-Gaudreault, Monique, « Comment Dominique Demers a écrit certains de ses livres », http://id.erudit.org/iderudit/58560ac , retiré le vendredi 26 octobre 2012.
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